PEGGY LISART : LA VISION ET LA RAISON

La production de fruits en agriculture biologique demande, de la part du producteur, un engagement et des efforts dont le consommateur, au bout de la chaine n’as pas toujours conscience…Cette difficulté est peut être encore plus aigüe avec un merveilleux petit fruit de saison : la cerise. Leçon de chose avec Peggy Lisart arboricultrice en bio sur le magnifique terroir de Saint Hilaire Saint Mesmin.

Dans le verger, peu de temps avant la récolte.

Dans le verger, peu de temps avant la récolte.

Peggy Lisart un temps hésité : culture ou agriculture ? Dans un premier temps ce sera la culture tout court avec des études d’histoire de l’art et une poursuite à l’école du Louvre… Mais la passion agricole de jeunesse reviendra au galop, comme le naturel dont cette jeune agricultrice est l’image même : la simplicité on la possède ou pas. Mais pas question de se lancer n’importe comment et Peggy retournera sur les bancs de l’école, à l’ESA d’Angers pour y passer un BTS productions horticoles. Puis, après quelques temps de recherche, en 2013, un verger de 8 ha est à reprendre en fermage en Orléans Cléry, généreux terroir viticole ! Pommes, poires, pêches et cerises sont à la carte, mais plus encore, le questionnement : pourquoi traiter ceci avec cela, pourquoi faire ainsi ? Comment adapter le travail aux conditions d’une parcelle, de sa géologie, de son exposition ? Une vraie démarche de vigneron dont Peggy dit s’inspirer. La conversion du verger est en cours et une production de fruits de qualité, de « bons » fruits, de fruits « signés » pourrait-on dire, est l’idée même de la maison, le verger Fleury. Les fruits sont commercialisés en vente directe et à travers une structure coopérative de production biologique pour arriver sur les étals de la chaine bio coop.

Le cas de la cerise. Comment faire des cerises biologiques, portant la signature organoleptique de la parcelle où elles poussent, celle de l’arbre qui les porte et celle du cultivateur régissant le verger ? Peggy répond à cette très délicate question par des réponses nuancées dans laquelle le bon sens, la connaissance et une part d’instinct forment l’essentiel. « En se posant tout le temps plein de questions dit-elle « Et sans toujours trouver les réponses » Comme on sait la cerise est, dès qu’elle commence à mûrir, accablée par deux prédateurs impitoyables : la mouche de la cerise et la drosophile Suzuki (rien à voir avec les moto). Pour les contrer ; Peggy joue sur quatre tableaux.

La santé du végétal. Gestion du couvert herbeux au cas par cas, selon l’exposition, le sol et la météo, pas d’irrigation donnant des fruits gros mais fades, fumure naturelle au pieds des arbres. On se croirait chez un grand vigneron…

Vue du verger, en superbe santé et vigueur. On remarque l’enherbement, une des problématiques au cœur des questionnements de Peggy.

Vue du verger, en superbe santé et vigueur. On remarque l’enherbement, une des problématiques au cœur des questionnements de Peggy.

Les pièges. Ce sont de plaques de couleurs jaunes accrochés aux arbres qui attirent les prédateur par leur couleur vive et où ils restent englués.

Les pièges à mouches.

Les pièges à mouches.

Les leurres. En milieu/fin de maturité, Peggy pulvérise des arbres d’un mélange d’eau et de kaolin. En séchant sur les fruit, la suspension laisse un voile blanchâtres empêchant les prédateur de reconnaître de fruit… Le kaolin, (roche calcaire) est ensuite retiré des fruits par simple rinçage.

Traces de kaolin sur les fruits ! Il suffira de les rincer à l’eau avant commercialisation.

Traces de kaolin sur les fruits ! Il suffira de les rincer à l’eau avant commercialisation.

Les répulsifs. En dernier recours, Peggy utilise le Spinosad, un insecticide autorisé en Agriculture biologique, élaboré par fermentation, avec une bactérie naturellement présente dans le sol : Saccharopolyspora spinosa, pour les intimes.

Beaucoup d’efforts… Et pourquoi ? Eh oui, elle est bien là la question : pourquoi ne pas avoir continué en agriculture conventionnelle ? Pourquoi une telle remise en question technique et même financière d’un verger qui ne marchait « pas si mal ? » La réponse est naturelle, autant que Peggy. « Moi, je veux faire des vrais fruits, biologiques et bons, des bons fruits ». Vous n’en saurez pas plus : pourquoi aller expliquer les évidences ? Le mieux à faire ? Allez gouter ses fruits et vous verrez !

La superbe récolte. Ici, la variété Folfer, issue d’un porte-greffe traditionnel et rustique donnant des fruits plus résistants.

La superbe récolte. Ici, la variété Folfer, issue d’un porte-greffe traditionnel et rustique donnant des fruits plus résistants.

CONTACT Peggy Lisart. Le Verger Fleury 83 Petite Rue 45160 Saint-Hilaire-Saint Mesmin Tel : 06 29 16 20 57. Tous les mercredi de 15 à 19h place de la république, à Orléans, et les vendredi de 16 à 20h, place du Martroi, toujours à Orleans. Vente aussi à la ferme les jeudi et samedi de16 19 h.

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Les fruits : un monde à part

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Stephane Lagorce